Certaines n'avaient jamais vu la mer
TITRE : Certaines n'avaient jamais vu la mer
AUTEUR : Julie Otsuka
ÉDITIONS : Phébus
NOMBRE DE PAGES : 139
QUATRIÈME DE COUVERTURE :
L'écriture de Julie Otsuka est puissante, poétique, incantatoire. Les voix sont nombreuses et passionnées. La musique sublime, entêtante et douloureuse. Les visages, les voix, les images, les vies que l'auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis un homme qu'elles n'ont pas choisi.
C'est après une éprouvante traversée de l'océan Pacifique qu'elles rencontrent pour la première fois celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui dont elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.
A la façon d'un chœur antique, leurs voix se lèvent et racontent leur misérable vies d’exilées...leur nuit de noces, souvent brutale, leurs rudes journées de travail, leur combat pour apprivoiser une langue inconnue, l'humiliation venue des Blancs, le rejet par leur progéniture de leur patrimoine et de leur histoire... Une véritable clameur jusqu'au silence de la guerre. Et l'oubli.
MON RESSENTI :
Elles étaient des centaines dans le bateau en route pour l'Amérique, des centaines venues du Japon pour épouser de parfaits inconnus. Elles croyaient en un avenir plus lumineux, reflétant ces beaux visages, souriants sur les photos qu'elles gardaient précieusement comme la promesse de jours meilleurs.
A l'arrivée, la réalité fût tout autre. Les beaux, riches "maris" qui les attendaient sur le quai, se révélèrent être des paysans sans le sou, travaillant dans les champs, n'ayant pour seul toit qu'un petit coin d'étable.
Fortes et vaillantes , elles n'ont pas baissé les bras, faisant face aux difficultés de leur nouvelle vie avec courage.
Vint le temps où les familles se sont agrandies, avec la naissance des enfants, plus Américains que leurs parents, créant ainsi un fossé entre les générations.
Petit à petit, elles se sont habituées à cette vie, se sont intégrées à la population américaine, jusqu'au jour où, il leur faudra partir, nul, ne sait où!!!!!!!
C'est avec un sentiment étrange que j'ai refermé ce livre, l'auteur m'a fait découvrir un monde que je ne connaissais pas avec une belle écriture, certes emplie de poésie, pourtant, j'aurais aimé m'immerger un peu plus dans l'histoire de ces femmes, faire un bout de chemin avec elles. Ce récit aurait été plus passionnant à mes yeux, s'il n'y avait pas eu ce "nous", rendant la lecture impersonnelle, me laissant en dehors de l'histoire.
QUELQUES CITATIONS :
"Sur le bateau nous ne pouvions imaginer qu'en voyant notre mari pour la première fois, nous n'aurions aucune idée de qui il était. Que ces hommes massés aux casquettes en tricot, aux manteaux noirs miteux, qui nous attendaient sur le quai, ne ressemblaient en rien aux beaux jeunes gens des photographies."
"Chez nous, c'était un lit de camp dans un baraquement du Fair Ranch, à Yolo. Une longue tente sous un prunier touffu à Kettleman. Un dortoir en planches... Une paillasse dans l'écurie... Un coin de lavoir... Une couchette dans un wagon de marchandises, un vieux poulailler..."
"Un par un les mots anciens que nous leur avions enseignés disparaissaient de leurs têtes."
"Mais quand nous les entendions parler dans leur sommeil, les mots qui sortaient de leur bouche -nous en étions certaines- étaient japonais."
"Surtout, ils avaient honte de nous."
"Ils n'invitaient jamais leurs amis dans nos appartements bondés du quartier japonais."
"J'ai entendu qu'on nous emmenait dans des camps de travail pour produire de quoi nourrir les troupes."
"Les japonais ont disparu de notre ville, leurs maisons sont vides, murées."
"Pendant plusieurs semaines certains d'entre nous continuent d'espérer que les japonais reviendront, car nul n'a jamais dit que ça durerait toujours."
"Les japonais nous ont quittés et nous ignorons où ils sont."
"Aux premières gelées, leurs visages commencent à se brouiller, à s'effacer de nos mémoires..."
A PROPOS DE L'AUTEUR :
Julie Otsuka est née en 1962 en Californie.
Diplômée en art, elle abandonne une carrière de peintre pour l'écriture. Elle publie son premier roman en 2002, "Quand l'empereur était un dieu" largement inspiré de la vie de ses grands-parents.
Son deuxième roman "Certaines n'avaient jamais vu la mer" a été considéré aux États-Unis dès sa sortie, comme un chef d’œuvre.
(Source. Evène)
Défi "La plume au féminin